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Les tendances de consommation accélérées par la crise

décembre 9, 2020

digitalisation

Avec : 
Jérôme Le Grelle, directeur exécutif Retail de CBRE
Pascale Hébel, directrice du pôle consommation et entreprise du CREDOC
Vincent Logerot, directeur Grands comptes de POTLOC (études consommateurs)
Alexis de Sèze, secrétaire général ÏDKIDS (Ïdkids, Okaïdi, Obaïbi, Oxybul + Chipie, Catimini, Absorba)

Rééquilibrage des attentes du consommateur


Jérôme Le Grelle

“Le nouveau consommateur est de plus en plus demandeur de digitalisation, de proximité et d’éco-responsabilité”
Le confinement a confirmé trois attentes déjà présentes chez le consommateur. Les achats en ligne augmentent, mais la proximité est aussi de plus en plus prisée, que ce soit via la fréquentation de commerces ou le soutien à l’économie locale. La conscience  environnementale est en hausse.  

durable
 
Pascale Hébel
“En cinq ans, la proportion de Français qui se préoccupent de l’environnement a doublé”
Quatre Français sur dix placent aujourd’hui l’environnement en tête de leurs préoccupations. On voit apparaître une nouvelle fragmentation de la population entre ceux qui recherchent des produits durables [à droite de l’axe vertical] et ceux qui continuent à souhaiter des produits classiques. Dans chaque ensemble, une partie des consommateurs recherche la sobriété, volontaire ou subie, tandis que l’autre souhaite continuer à consommer, mais de manière soit plus maligne ou soit plus engagée. 

commerce
Vincent Logerot 
“Au-delà des contraintes imposées par le confinement, une majorité des personnes pensent réduire leurs dépenses à l’avenir”
POTLOC a interrogé les consommateurs de 12 pays afin d’évaluer la pérennité des habitudes prises pendant le confinement. Il en ressort une nette intention de diminution durable des dépenses (pour 56 % des répondants), d’abord en consommant moins, puis moins cher, puis par l’achat de seconde main. Les centres commerciaux, les hypermarchés et les grands magasins devraient être les premiers à en souffrir, ainsi que les secteurs des loisirs et voyages, des vêtements et accessoires, des bijoux et montres. Les dépenses de santé et bien-être, de bricolage et jardinage, et d’alimentation seraient au contraire maintenues.  

Alexis de Sèze
“Pour l’immobilier de demain, il y a trois règles : la marque, la marque, la marque”
Pour le groupe ÏDKIDS, ce qui fait désormais la différence est la capacité des enseignes à susciter et maintenir l’engagement du consommateur vis-à-vis de la marque.  Ce qui est attendu de l’immobilier est donc moins un emplacement que de la flexibilité pour faciliter cet engagement à travers l’expérience en magasin.

Qui dit marque dit promesse et, en miroir, confiance. Il faut apporter constamment de la réassurance. Cela passe en particulier sur la traçabilité des produits, enjeu important pour le textile. Il y a des changements à opérer dans la production et la restauration de circuits courts, même s’il faut éviter de trop simplifier le sujet par excès de bien-pensance.

Focus sur le marché de la seconde main


Jérôme Le Grelle
“Le marché de la seconde main est devenu très significatif, c’est un phénomène mondial et durable” 
Aujourd’hui en France, 9 % des ventes en ligne concernent des produits de seconde main. Selon une enquête de l’Institut français de la mode, près de 40 % des Français interrogés ont acheté au moins un article textile de seconde main en 2019. On ne doit donc plus parler de marché de niche mais de marché d’avenir. Les pure players de l’e-commerce ont ouvert la voie à des chaînes spécialisées, rejointes par les enseignes traditionnelles s’y mettent à leur tour.

environnement

Pascale Hébel
“Le marché de la seconde main s’est développé sous l’effet de la baisse du pouvoir d’achat à partir de 2008, et avec l’aide du digital, notamment chez les jeunes”
Cela a démarré sur la puériculture et le livre. L’environnement n’était pas la motivation de ces premiers acheteurs, mais dix ans après, ils ont été rejoints par des populations très diplômées. En dix ans on a vu se multiplier par 5 la proportion des gens qui achètent des biens d’occasion sur Internet (moins toutefois sur les articles présentant beaucoup d’innovation). On constate que les nouveaux acheteurs sont des consommateurs engagés, qui vont aussi consommer moins de viande, acheter du bio, et qui affirment ainsi leurs valeurs, avec un effet d’entraînement sur la société. La possibilité d’être en relation, entre acheteur et vendeur, via des outils digitaux a aussi fortement contribué au développement de ce marché.

Alexis de Sèze
“Nous avons été très précurseurs sur ce marché, où nous sommes présents depuis 2010”
La seconde vie, c’est à la fois l’opportunité de faire voyager le client à l’intérieur d’une marque, de lui faire faire des économies et de lui permettre d’exercer une responsabilité environnementale. Pour nous, c’est une activité à part entière, qui est très organisée. Elle s’inscrit dans un calendrier événementiel commun à toutes les marques, dans une logique de proximité autour de la plaque tournante du magasin et avec des outils digitaux.

Vincent Logerot
“La dimension ludique est importante dans les achats de seconde main”
Les achats de seconde main des parents de jeunes enfants (d’après une enquête ciblée) passent majoritairement par des sites spécialisés ou des sites de vente entre particuliers mais les échanges entre proches et les brocantes ou vide-grenier restent très pratiqués. La motivation économique reste première, suivie de la recherche ludique des bonnes affaires, puis du geste environnemental, qui commence à apparaître. Les perceptions sont partagées quant à la légitimité des enseignes traditionnelles à proposer de la seconde main.  

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