Parole d'experts
Le commerce, un maillon essentiel de la ville
Par Razika Kout, Directrice Etudes & Montage d’opérations Retail CBRE
juin 28, 2023

Alors que vient de s’ouvrir le second volet (2023-2026) du programme Action cœur de ville, la relance des petites et moyennes villes par le commerce est un enjeu stratégique pour les communes en perte d’attractivité. Vecteur de la relance économique dans les territoires, le commerce joue un rôle essentiel dans la vie de la ville et de ses habitants. Cependant, pour devenir un véritable générateur d'activités et bénéficier d'équipements publics et urbains favorisant l'afflux de visiteurs, il est nécessaire qu'il s'enracine dans un environnement propice.
Le commerce au service des territoires
Au service des territoires, le commerce participe à l’aménagement et au dynamisme des communes en apportant un équilibre (parfois une liaison) entre centre-ville et périphérie, petits commerces et grandes surfaces. Il renforce l’attractivité des cœurs de ville en maintenant la présence d’une offre de commerces et de services pour les résidents, tout en favorisant la création d’emplois locaux. Animateur de l’espace urbain et pièce maîtresse d’un écosystème d’activités (terrasses de restaurants, marchés, décorations des vitrines, événements, etc.), le commerce doit intégrer les grandes mutations de la ville.
En premier lieu, la prise en compte du principe de sobriété foncière, instauré par la loi ZAN, qui préoccupe de nombreux élus et va impacter le développement de nouvelles zones commerciales. En second lieu, le développement des mobilités douces et tous les services associés (livraison du dernier kilomètres, click and collect, points relais, etc.), ainsi que la création de zones à faibles émissions (ZFE) qui vient modifier les déplacements dans les centres-villes.
Revitaliser les centres-villes
La présence de commerces dans les cœurs de ville contribue à améliorer les conditions de vie des habitants. Ils permettent de doter en lieux de vie et de sociabilisation des territoires en déclin. Pour lutter contre la vacance commerciale -un indicateur tangible de la vitalité d’une ville- dans les petites et moyennes communes, le gouvernement a déployé, ces dernières années, des dispositifs de relance, accompagnés de grands programmes d’investissement sur les territoires (par exemple, Action Cœur de Ville II, Petites Villes de Demain) où le commerce est pris en compte au même titre que l’emploi, le logement, les équipements, l’innovation.S’inspirant des acteurs spécialisés dans l’immobilier commercial, les villes se dotent d'équipes dans la gestion de leur centre-ville avec par exemple le recrutement de managers de commerce, de managers de centre-ville, avec la présence au sein des équipes locales de responsable commerce, responsable développement économique, etc. Les territoires se questionnent sur le sujet de la maîtrise foncière/la maîtrise de l'immobilier de commerce et se dotent d'outils tels que les foncières, d'outils réglementaires telles que le droit de préemption, etc. Les foncières commerciales développées par les collectivités ont ainsi vocation à réguler les loyers commerciaux et à maintenir une diversité commerciale. Il s’agit d’un outil puissant pour repenser et restructurer l’offre de commerce en ville mais très couteux pour les communes.
L’acte II d’Action cœur de ville (2023-2026) poursuit le chantier initié par l’ANCT (agence nationale de la cohésion des territoires) en 2018, dans le cadre du programme de revitalisation des villes moyennes. Le volet qui vient de s’ouvrir s’articule autour de quatre nouvelles priorités : relever le défi de la transition écologique, conforter le socle de services et le vivier d’emploi des villes moyennes au sein des territoires, confirmer l’attractivité retrouvée des cœurs de ville et accélérer le passage à l’opérationnel des actions par le biais, notamment, de financements ciblés.
Levier de création de valeur
Des points de vigilance demeurent sur le coût, pour les collectivités, d’investir les questions de l’immobilier et l’urbanisme commercial. Pour éviter les écueils, (la livraison de programmes immobiliers qui ne se commercialisent pas faute de marché, d’une juste valorisation de l’actif ou d’un bon agencement/dimensionnement des locaux) les territoires ont besoin d’être accompagnés par des spécialistes du marché du commerce, portant un regard objectif sur ses évolutions, ses défis ainsi que sur la stratégie des opérateurs (enseignes, foncières, promoteurs et investisseurs).
Enfin, pour porter les enjeux du commerce sur les territoires, les partenariats avec les acteurs privés deviennent une nécessité. Une convergence d’intérêts reste à trouver entre la collectivité et ses partenaires privés, dans la stratégie déployée pour chaque projet. Le réaménagement des entrées de ville (désormais intégré dans le programme Action cœur de ville) représente, notamment, un chantier commun, engageant la réflexion des acteurs privés et publics.
Lieux de vie à explorer
Le concept de halles gourmandes qui prend racines dans de nombreuses villes est l’image de cette hybridation dans les commerces, valorisant le patrimoine d’une ville (il s’agit le plus souvent de bâtiments historiques, implantés en cœur de ville) tout en générant de nouveaux afflux de visiteurs qui alimentent tous les autres commerces de la ville.
Retail Talks
Inscrivez-vous à notre newsletter pour recevoir les dernières infos et études sur le Retail