Comment revitaliser le commerce urbain

Face à l'effondrement des petits commerces et des boutiques locales, une perception figée et désuète ne les aidera pas. Pour redonner vie aux centres-villes et sauvegarder certaines industries, il est important de capitaliser sur une utilisation polyvalente des édifices et d'améliorer les conditions de transport dans les régions urbaines.

L'opinion générale est celle d'un dessèchement des centres-villes : augmentation des loyers, remplacement des résidents par les touristes, fermeture des magasins et faillites des boutiques de prêt-à-porter.

Pour contrer cela, certaines mairies ont mis en place des procédures de préemption de fonds de commerce, destinées aux petits commerces et artisans. Cependant, l'efficacité de ces mesures n'est pas encore établie et leur intervention dans l'économie urbaine s'inscrit dans une logique rétrograde opposant les magasins traditionnels aux grandes chaînes.

Cette politique n'atteindra pas ses objectifs, car ce sont les usages mixtes et l'augmentation de la mobilité qui revitaliseront le commerce urbain.

Il est important de se souvenir que les villes sont toujours en évolution. Regrettons-nous aujourd'hui les abattoirs, les usines, les grands ateliers ou les tanneries au cœur des villes ? Pourtant, à une époque, ces installations étaient essentielles à l'économie.

Le changement dans le commerce n'est que le reflet des préférences de consommation des résidents. Aujourd'hui, des boutiques de vélos et des réparateurs que nos parents pensaient disparus à jamais renaissent dans nos rues. Des commerces alimentaires, comme les halles, bénéficient d'une notoriété internationale grâce à internet, attirent de nouveaux clients et se développent. D'autres commerces haut de gamme fleurissent partout en France. Ils sont culturellement significatifs, profitent du tourisme et sont recherchés par une population locale exigeante ou fortunée. Cette attention à soi se manifeste également par un engouement pour les enseignes de santé et de bien-être (opticiens, audioprothésistes).

Parallèlement, la fin de certaines chaînes de vêtements marque la fin d'un modèle d'affaires obsolète. Aujourd'hui, on préfère les jeunes marques françaises et l'occasion, ainsi que les articles de sport et certaines chaînes à bas prix. La distribution multicanale, qui est la clé du succès pour de nombreuses entreprises, voit le e-commerce prendre son envol (15% des achats des Français en 2023).

On peut vouloir lutter contre ces transformations ou choisir de les accompagner tout en corrigeant certains défauts du paysage urbain. Car il existe bel et bien des déséquilibres. Le plus évident est le risque de polarisation entre les boutiques de luxe, soutenues par le tourisme, et les chaînes à bas prix, favorisées par l'inflation.
Un autre déséquilibre est la concentration d'une même activité à un seul endroit. Le projet gouvernemental de transformer les entrées de ville vise justement à réviser cet aspect de l'aménagement urbain pour apporter de l'activité commerciale dans les zones résidentielles.

Mais attention, ne pensons pas qu'il suffit de déplacer une activité d'un endroit à un autre pour qu'elle prospère. Chaque commerce répond à une demande spécifique à un endroit précis.

Il semble évident de favoriser la mobilité des citadins, de leur permettre de se déplacer facilement et donc d'élargir leur champ d'action et de consommation. Les zones de restriction de la circulation en centre-ville sont à cet égard très nuisibles à l'activité commerciale. Si plus de 80% des Français vivent en ville, un tiers vit précisément en zone périurbaine. La voiture individuelle reste souvent le seul moyen de transport possible, 87% des Français l'utilisent chaque jour pour leur travail, leurs achats et leurs loisirs.

Optimiser l'utilisation des transports, diversifiés et décarbonés, exige que les ménages puissent trouver plusieurs usages réunis en un seul lieu. C'est l'exemple donné par les parcs commerciaux, qui en plus des achats, offrent des loisirs (cinéma, sport) et des services aux ménages.

Développons la mixité des usages immobiliers (résidentiel, bureaux, commerces) et leur accessibilité. C'est la condition de la survie du commerce urbain, et donc de la vitalité des centres urbains.


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